Quâest-ce que le prix-Maria-Barile
Le prix Maria-Barile a vu le jour en 2016 et est remis aux deux ans depuis ce moment. Les critÚres qui guident le choix des récipiendaires sont basés sur les valeurs dont Maria était le parfait exemple.

Le prix Maria-Barile est dĂ©cernĂ© Ă une femme ou Ă un groupe de femmes militant·e·s ayant eu ou ayant un apport social significatif en vĂ©hiculant des valeurs fĂ©ministes et travaillant pour l’amĂ©lioration des conditions de vie des femmes en situation de handicap.
Qui était Maria Barile ? (1953-2013)
Maria Barile était une femme extraordinaire qui a défendu les droits des personnes en situation de handicap au Canada pendant plus de 30 ans. Elle était une cheffe de file dans le mouvement de défense des droits des femmes en situation de handicap.
AprĂšs avoir obtenu un diplĂŽme du collĂšge Dawson, oĂč elle a mis sur pied le premier groupe de soutien pour les Ă©tudiant·e·s en situation de handicap, elle veut poursuivre ses Ă©tudes Ă l’UniversitĂ© McGill. Forte de sa confiance en ses capacitĂ©s, elle a dĂ» convaincre les administrateurs de lâUniversitĂ© que ni une dĂ©ficience auditive, ni un trouble neurologique n’allaient l’empĂȘcher d’atteindre son but, devenir bacheliĂšre.
Ă la suite de lâobtention de son titre de bacheliĂšre avec une mention de premiĂšre de classe, elle sâinscrit Ă la maĂźtrise en sciences sociales toujours Ă lâUniversitĂ© McGill oĂč elle rĂ©dige son mĂ©moire sur la double oppression que vivent les femmes en situation de handicap : soit le genre et le handicap. Son mĂ©moire donne lieu Ă la publication du livre : Women with disabilities define system-based discrimination en 1993.
Au moment de son dĂ©cĂšs, elle complĂ©tait une seconde maĂźtrise en design inclusif Ă lâUniversitĂ© de Salford au Royaume-Uni. Lâinstitution lui a dâailleurs dĂ©cernĂ© un diplĂŽme posthume.
En 1985, forte de ses annĂ©es d’expĂ©rience comme intervenante communautaire auprĂšs des femmes handicapĂ©es, elle fonde, avec 16 autres femmes, le RĂ©seau des femmes handicapĂ©es du Canada (DAWN-RAFH CANADA). Ă peine un an plus tard, elle se joint Ă quatre femmes en situation de handicap pour fonder Action des femmes handicapĂ©es (MontrĂ©al). En s’impliquant dans la fondation de ces organismes, elle laisse un hĂ©ritage rempli d’espoir. En effet, elle croyait profondĂ©ment que les femmes en situation de handicap pouvaient prendre la place qui leur revenait dans la sociĂ©tĂ©. C’est durant ses Ă©tudes en Ă©tudes fĂ©minines Ă l’UniversitĂ© McGill (En 1985, ce champ dâĂ©tude ne sâappelait pas encore Ă©tudes fĂ©ministes.) que Maria a compris que les femmes handicapĂ©es avaient des problĂšmes qui n’Ă©taient pas abordĂ©s par le mouvement fĂ©ministe.
Dans les annĂ©es 1980, elle a travaillĂ© comme conseillĂšre en emploi pour les personnes handicapĂ©es Ă LâĂTAPE. Ă la mĂȘme Ă©poque, elle offre des ateliers sur les questions entourant le validisme (le terme utilisĂ© aujourdâhui est capacitisme) et le handicap.
PassionnĂ©e et audacieuse, Maria est descendue dans la rue en 1988 pour dĂ©noncer l’inaccessibilitĂ© du mĂ©tro de MontrĂ©al avec plusieurs autres militant e·s amĂ©ricain.e·s, alors que d’autres groupes de personnes handicapĂ©es restaient silencieux par peur de perdre les acquis qu’ils avaient obtenus.
Dans les dĂ©cennies 1990 et 2000, elle a fait des intervient Ă diverses commissions sur les mĂ©thodes contraceptives, la violence et d’autres problĂšmes pour faire connaĂźtre comment ces rĂ©alitĂ©s touchent les femmes handicpĂ©es. Ainsi, elle plaide pour lâamĂ©lioration de lâaccĂšs au systĂšme de santĂ© et aux refuges pour les femmes victimes de violence pour les femmes en situation de handicap.
Elle a Ă©galement cofondĂ© et codirigĂ© le rĂ©seau ADAPTECH, un laboratoire de recherche sur les technologies adaptatives et l’enseignement postsecondaire, oĂč elle a Ă©tĂ© l’une des chercheuses les plus actives. Elle a par la suite cofondĂ© ĂcoACCESS, sa propre entreprise de conseils axĂ©e sur l’accessibilitĂ© universelle et le dĂ©veloppement durable.
Maria Barile a passĂ© sa vie Ă aider les autres. C’est un honneur pour l’Ă©quipe d’AFH d’honorer sa mĂ©moire en poursuivant sa mission.
Veuillez noter que l’utilisation du terme personnes/femmes handicapĂ©es est le reflet de lâĂ©poque. AFH prĂ©conise maintenant lâemploi du terme femme en situation de handicap.

Les récipiendaires
2016 - Wassyla Hadjabi
PremiĂšre rĂ©cipiendaire du Prix Maria-Barile, Wassyla Hadjabi a Ă©tĂ© la prĂ©sidente d’AFHM (Nom de lâorganisme Ă lâĂ©poque. Câest en 2022 que lâorganisme adopte son nom actuel Action femme et handicap.).
Son engagement envers les femmes en situation de handicap est notable alors qu’elle devient prĂ©sidente d’Action Femmes et handicap (MontrĂ©al) dĂšs 2006, alors que cela fait seulement 6 ans qu’elle est en sol canadien et fait encore face Ă plusieurs dĂ©fis comme nouvelle arrivante. C’est sa mentore, Maria Barile qui l’encourage Ă s’impliquer Ă AFH. Elle suit les traces de Maria et affirme que les femmes handicapĂ©es rencontrent les mĂȘmes problĂ©matiques que l’ensemble des femmes. Elle dĂ©veloppe davantage la notion d’intersectionnalitĂ© et l’ancre dans le discours de l’organisme. Elle partage avec Maria les valeurs de solidaritĂ©, d’entraide, et respect de la dignitĂ© humaine. FĂ©ministe comme sa mentore, elle croit fermement que les femmes handicapĂ©es doivent dĂ©velopper leur « empowerment » individuel et collectif pour atteindre une participation sociale pleine et entiĂšre.Â
Ce qui frappe chez Wassyla, c’est l’intensitĂ© ainsi que la passion avec lesquelles elle s’engage. Elle s’y donne corps et Ăąme. Sa contribution Ă AFHM est inestimable!Â
Wassyla est une gestionnaire hors pair et collabore au dĂ©veloppement de l’autonomie et de l’estime de soi des femmes handicapĂ©es. De plus, elle n’hĂ©site pas Ă les aider individuellement lorsque nĂ©cessaire. Sa sensibilitĂ© l’amĂšne Ă aider les autres, peu importe l’endroit oĂč elle les rencontre. AFHM a pu ainsi profiter de ses capacitĂ©s en relation d’aide.
Ses talents de gestionnaire l’amĂšnent Ă s’engager dans diffĂ©rents organismes locaux, rĂ©gionaux, provinciaux et pancanadiens. Ainsi, Wassyla occupe des fonctions Ă plusieurs conseils d’administration et comitĂ©s afin de faire reconnaĂźtre les besoins et la rĂ©alitĂ© spĂ©cifique des femmes en situation de handicap tant dans le milieu des personnes handicapĂ©es que dans celui des femmes.
Wassyla dĂ©veloppe la conviction profonde que les QuĂ©bĂ©coises en situation de handicap doivent ĂȘtre outillĂ©es dans la dĂ©fense de leurs droits. C’est avec assurance qu’en 2010 elle fonde, avec d’autres femmes, l’Alliance des femmes handicapĂ©es du QuĂ©bec (AFHQ). La mission de cet organisme est de donner une voix aux femmes qui habitent tant dans les milieux ruraux quâurbains.
Wassyla Hadjabi, femme passionnĂ©e, libre et autonome, nous avons voulu lui donner ce premier prix Maria-Barile afin de reconnaĂźtre ses nombreuses annĂ©es d’engagement au sein d’AFHM et auprĂšs des femmes handicapĂ©es.Â

2018 - Lise Gervais
Lise est une grande dame de l’action communautaire autonome, mais aussi du mouvement fĂ©ministe au QuĂ©bec. Elle a dĂ©diĂ© une grande partie de sa vie au dĂ©veloppement du pouvoir d’agir des travailleur·euse·s, bĂ©nĂ©voles qui Ćuvrent dans les organismes communautaires. Nous sommes nombreuses et nombreux Ă avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© de ses talents d’animatrice, de formatrice, d’accompagnatrice, de chercheuse et de coordonnatrice.
Lise a ĆuvrĂ© au sein d’organismes tels que le Regroupement des maisons de jeunes du QuĂ©bec et le Centre de formation populaire. Pour nous, câest avant tout une membre de l’Ă©quipe de Relais-femmes.
Nous connaissons ses grandes capacitĂ©s Ă ĂȘtre Ă lâĂ©coute dâautrui, Ă saisir les enjeux du milieu communautaire et des femmes et Ă chercher des solutions pour rĂ©soudre ces problĂ©matiques. Nous saluons son Ă©nergie et son engagement pour que les organismes communautaires et les groupes de femmes se dotent d’un vĂ©ritable rĂ©gime de retraite pour leurs travailleur·euse·s.
Ses collĂšgues et collaboratrices vous diront, d’une part, que ce qui anime Lise depuis toujours, c’est la dĂ©mocratie et la place rĂ©servĂ©e aux personnes dans cette dĂ©mocratie. Lise veut donner aux femmes les meilleurs outils pour qu’elles prennent leur place, pour qu’elles fassent entendre leur voix et pour qu’elles agissent collectivement. Ce pouvoir d’agir doit appartenir Ă toutes les personnes, particuliĂšrement celles qui sont souvent marginalisĂ©es.
Ainsi, au fil des ans, plusieurs groupes de personnes en situation de handicap ont reçu l’aide de Lise dans leur quĂȘte d’une meilleure gouvernance pour leurs organisations.

2018 - Laure Frappier (remise posthume)
Il y a diffĂ©rentes façons de contribuer Ă la cause des femmes en situation de handicap. On peut faire de la dĂ©fense collective des droits. On peut porter assistance Ă ces femmes de façon individuelle. On peut aussi, en tant que femme en situation de handicap, s’investir si fort dans sa propre quĂȘte d’autonomie qu’on en devient un exemple pour les autres. Laure Frappier a suivi ces trois voies et a rĂ©ussi remarquablement dans chacune. Nous sommes redevables Ă Laure pour sa participation dans nos actions collectives.
FĂ©ministe assumĂ©e, elle est titulaire d’un baccalaurĂ©at en intervention psychosociale et Ă©tudes fĂ©ministes auquel elle s’est inscrite aprĂšs avoir perdu la vue, Laure s’est impliquĂ©e Ă Action des femmes handicapĂ©es (MontrĂ©al) . Elle a siĂ©gĂ© au conseil d’administration pendant plusieurs annĂ©es. Elle s’est impliquĂ©e Ă fond dans tous les projets. Elle Ă©tait une porte-parole hors pair et une excellente animatrice. Elle a agi comme maĂźtresse de cĂ©rĂ©monie Ă plusieurs Ă©vĂ©nements, dont le colloque du 25e anniversaire dâAFHM.
Pour rĂ©pondre aux besoins criants des femmes de sa municipalitĂ©, Varennes, elle fonde Contact’L, un organisme qui regroupe des femmes de toutes les gĂ©nĂ©rations et qui a un solide comitĂ© de femmes handicapĂ©es.
Elle a beaucoup ĆuvrĂ© pour lâimportant dossier de la violence faite aux femmes, particuliĂšrement la violence conjugale. Elle a rĂ©ussi Ă aborder cette problĂ©matique de front en travaillant avec les responsables de sa municipalitĂ© pour s’assurer que les femmes aient accĂšs Ă du soutien et de l’accompagnement.
Laure a fait beaucoup de travail d’accompagnement psychosocial auprĂšs des femmes. Ă AFHM, elle Ă©tait une constante source d’encouragement pour les membres, les travailleuses et ses collĂšgues du conseil dâadministration.
Laure est un bel exemple de persĂ©vĂ©rance. Ayant perdu la vue Ă 47 ans, elle a vĂ©cu ce deuil et a su aller chercher de l’aide afin de rĂ©orienter sa vie.
C’Ă©tait important pour Laure de partager son expĂ©rience et les trucs qu’elle avait dĂ©veloppĂ©s . Elle comprenait l’aide que cela pouvait apporter Ă ses paires afin quâelles comprennent qu’elles ne sont pas seules.

2022 - Louise Blouin
Une femme qui prend le temps de s’instruire sur les faits, qui respecte le processus dĂ©mocratique, qui considĂšre avec empathie les besoins des membres de l’Ă©quipe, qui tient compte des nuances, qui connait les Ă©tapes Ă franchir pour rĂ©aliser un projet, qui y travaille mĂ©thodiquement et, surtout, qui passe beaucoup, beaucoup, beaucoup d’heures Ă faire tout ça. Toutes ces qualitĂ©s, c’est le cadeau que Louise Blouin a fait Ă AFHM et aux femmes en situation de handicap de notre rĂ©gion pendant les huit annĂ©es oĂč elle a Ă©tĂ© membre du conseil d’administration de notre organisation, dont quatre Ă la prĂ©sidence. Sans compter son apport inestimable et continu comme bĂ©nĂ©vole et source dâinformations et dâHistoires.
Grùce à ses compétences et son dévouement, Louise a amené AFHM en 2013 à redevenir un organisme fonctionnel, respecté par ses partenaires et ayant un discours cohérent que les fonctionnaires, politiciennes et politiciens sont intéressé.e.s à écouter. Louise a grandement contribué à mieux faire entendre notre voix.
Il n’y a pas eu qu’AFHM dans la vie de Louise Blouin. Dâabord dĂ©tentrice dâune maitrise en gĂ©ographie historique, Louise a ensuite dĂ©cidĂ© de faire un certificat en rĂ©daction. Les obstacles Ă l’emploi Ă©tant nombreux pour les personnes en situation de handicap, elle a choisi de devenir travailleuse autonome, offrant, avec la compĂ©tence qu’on lui connaĂźt, des services de rĂ©daction, de soutien Ă la rĂ©daction, de rĂ©vision linguistique et de recherche.
Elle a travaillĂ© pour plusieurs organismes par et pour les personnes en situation de handicap avec pour rĂ©sultat un enrichissement mutuel sur des sujets aussi variĂ©s que les besoins des usagers des centres de rĂ©adaptation, l’Ă©ducation, l’emploi, l’habitation, l’histoire et le mouvement Ă la vie autonome. Depuis 2018, Louise est impliquĂ©e au CA de la Coop du Gorille, la coopĂ©rative d’habitation dont elle est membre.

2022 - Deborah Kennard (remise posthume)
Deborah nous a dĂ©jĂ dit en souriant que cela lui a pris un peu de temps Ă s’associer au mot fĂ©minisme. Ce qui l’intĂ©ressait avant tout, c’Ă©tait de travailler Ă l’inclusion et lâaccĂšs Ă une vie autonome pour toutes et tous. Bien que le mot « fĂ©minisme » nous soit cher Ă AFHM, nous reconnaissons que les actes comptent beaucoup plus que les mots. Et Deborah a agi, sans relĂąche, pour l’inclusion et l’autonomie des femmes et des hommes en situation de handicap pendant plus de quarante ans.
Ayant fait des Ă©tudes en sciences humaines et psychologie, son implication sociale remarquable inclut dix-huit annĂ©es au conseil d’administration de Vie autonome â MontrĂ©al, oĂč elle a Ă©tĂ© prĂ©sidente presque sans interruption, de la fondation de lâorganisme en 2001 jusquâĂ son dĂ©cĂšs en 2019. Outre cet engagement, elle a Ă©tĂ© Ă©lue administratrice de DĂ©Phy MontrĂ©al en juin 2011 et elle a Ă©tĂ© trĂ©soriĂšre, pendant 22 ans, de l’Association de locataires de l’Esplanade II inc. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sidente du comitĂ© des usagers de l’HĂŽpital thoracique de MontrĂ©al pendant plusieurs annĂ©es et membre du comitĂ© des usagers du Centre de rĂ©adaptation Lucie-Bruneau. En 2002, elle a reçu le Prix du consommateur par excellence de Vie autonome Canada, entre autres, pour sa contribution bĂ©nĂ©vole au mouvement de la vie autonome au Canada.
Deborah a Ă©tĂ© membre du conseil d’administration d’AFHM pendant sept ans, assumant, en grande partie, le rĂŽle de trĂ©soriĂšre. Elle a aidĂ© notre organisation Ă relever de grands dĂ©fis.
Elle avait Ă cĆur la quĂȘte constante de solutions afin que l’organisme se consolide et se dĂ©veloppe. Deborah Ă©tait une femme de vision tournĂ©e sur la recherche de solutions viables pour toutes les causes qu’elle dĂ©fendait. C’est ainsi qu’en 2018, elle s’est jointe, comme administratrice, Ă Coop Assist, un organisme qui prĂŽne un rĂ©el accompagnement pour les personnes en situation de handicap non seulement dans leur vie quotidienne et domestique, mais Ă©galement dans leurs rĂŽles de travailleur.euse.s, de bĂ©nĂ©voles, de parents et de citoyen.ne.s.

2024 - Dominique Marsan
Dominique est une digne hĂ©ritiĂšre de Maria Barile par son dĂ©vouement, son Ă©nergie, sa persistance, ses compĂ©tences et son leadership. Depuis 1995, elle lutte pour la pleine participation sociale des personnes en situation de handicap, hommes et femme. Ce qui l’a motivĂ©e, dĂšs le dĂ©part, est sa quĂȘte de justice.
En plus d’Action Femmes et handicap dans laquelle elle sâimplique depuis plus de 10 ans, Dominique s’est engagĂ©e au sein de plusieurs organisations ou instances, telles que lâAlpha, le RUTA MontrĂ©al, la Table transport et Ex aequo. Dâailleurs, elle a Ă©tĂ© prĂ©sidente de cet organisme durant quelques annĂ©es.
Nous connaissons bien son aisance Ă communiquer et Ă mobiliser ses pairËeËs. Mais il est important de dire que, derriĂšre cette grande personnalitĂ©, se trouve une maĂźtrise profonde des enjeux touchant les femmes et les hommes en situation de handicap et une grande capacitĂ© Ă les analyser.
Dominique a bien utilisĂ© ses connaissances acquises lors de ses Ă©tudes en travail social, en radiologie et en gĂ©rontologie, notamment au sein du comitĂ© d’admission du transport adaptĂ© et en tant qu’intervenante psycho-sociale Ă l’Alpha. Pour elle, il faut toujours regarder la situation de chaque personne avec nuance et tenir compte, selon le cas, des facteurs physiologiques, sociaux et politiques.
AnimĂ©e encore une fois par son sens de la justice, Dominique a toujours insistĂ© qu’il ne fallait pas seulement exiger l’Ă©quitĂ© de la part du gouvernement, des institutions et des entreprises, mais aussi au sein de notre organisme. Pour elle, AFH devait ĂȘtre un espace oĂč aucun acte violent n’est tolĂ©rĂ© et oĂč les femmes pouvaient se sentir en confiance, acceptĂ©es et respectĂ©es. Avec son aide, nous avons fait de grands pas en ce sens.
En 2002, Dominique a vĂ©cu une rĂ©duction significative de sa mobilitĂ©. Depuis lors, elle se bat pour de meilleurs services, pour une vie dĂ©cente et pour l’inclusion. Elle a refusĂ© la vie en CHSLD qu’on lui proposait, elle s’est jointe Ă une coopĂ©rative d’habitation, elle sensibilise tous les jours les professionnel·le·s de la santĂ© aux besoins des femmes en situation de handicap.
Chaque fois que Dominique fait tomber une barriĂšre, c’est une autre porte ouverte pour les femmes qui la suivront.
2024 - Linda-Marie Blais
Linda Marie a dĂ©jĂ dit qu’elle Ă©tait tombĂ©e dans la potion du militantisme lorsqu’elle Ă©tait enfant. Ainsi, elle a conscience trĂšs jeune des injustices.
Une femme d’exception, Linda Marie Blais est un modĂšle. DiplĂŽmĂ©e en haute couture, Linda Marie crĂ©ait des vĂȘtements pour les femmes en situation de handicap de son temps. Au dĂ©but des annĂ©es 1980, travailler pour ces femmes Ă©quivalait, aux yeux de la sociĂ©tĂ©, Ă s’occuper.
Cette absence de considération, la pousse au début des années 1980, à participer à la création du collectif femmes et handicaps à Québec. Ce groupe obtient quelques subventions pour différentes recherches sur les femmes en situation de handicap et elle agit réguliÚrement comme coordonnatrice des projets de recherche.
Maria Barile vient d’ailleurs rencontrer ce collectif de femmes Ă QuĂ©bec avant de fonder AFHM.
Linda Marie gardera des liens privilĂ©giĂ©s avec Maria jusqu’au dĂ©cĂšs de celle- ci en 2013. Le collectif femmes et handicaps rĂ©sonne encore aujourd’hui par la pertinence des enjeux soulevĂ©s et malheureusement encore d’actualitĂ©. SexualitĂ©, violence conjugale, maternitĂ©, travail, autant de thĂšmes qui font encore dĂ©bat aujourd’hui.
En 1985, elle participe Ă la ConfĂ©rence de Nairobi pour la fin de la dĂ©cennie des femmes. LĂ -bas, elle crĂ©e des liens de solidaritĂ© avec des femmes en situation de handicap de partout dans le monde. MĂȘme aprĂšs la fin du Collectif, Linda Marie n’a jamais cessĂ© de militer pour l’accessibilitĂ© des activitĂ©s des groupes de femmes et la prise en compte des droits des femmes en situation de handicap par le mouvement fĂ©ministe.
En 2015, elle crée une page Facebook afin pour mobiliser les femmes en situation de handicap à participer à la Marche mondiale des femmes, dont les activités nationales culmineront par un événement à Trois-RiviÚres.
Au cours des derniĂšres annĂ©es, Ă la faveur d’une rĂ©orientation de carriĂšre, elle s’implique Ă l’Association quĂ©bĂ©coise de la douleur chronique. Ses expertises dans le milieu communautaire et en animation font d’elle une ressource essentielle. En effet, elle a participĂ© Ă la mise sur pied de groupes d’entraide pour les gens ayant de la douleur chronique partout au QuĂ©bec. En tant que membre et de membre du conseil d’administration de l’Association, elle participe Ă des Ă©tudes, des colloques, des confĂ©rences et a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’outils pour adapter son mode de vie Ă la rĂ©alitĂ© d’une personne vivant avec des douleurs chroniques. AprĂšs ce passage obligĂ©, elle a pu reconnecter avec sa passion ; lâanimation de groupes dâentraides
La pandĂ©mie, et cette nouvelle rĂ©alitĂ© virtuelle, imposĂ©e, ne lâont pas arrĂȘtĂ©e, elle apprend Ă utiliser les nouveaux outils de communication virtuelle et 16 groupes d’entraide sont créés grĂące Ă son travail acharnĂ©. Elle s’est donnĂ©e pour mission d’outiller les personnes qui se sont retrouvĂ©es du jour au lendemain abandonnĂ©es par le systĂšme de santĂ© en arrĂȘt pandĂ©mique. Ces groupes ont permis Ă ces personnes de sortir de l’isolement.
C’est maintenant comme formatrice Ă KĂ©roul, qu’elle continue sans relĂąche Ă se dĂ©passer pour la cause des personnes en situation de handicap.
Linda Marie n’est pas qu’une militante, elle est une aussi amoureuse de SA ville, QuĂ©bec, et de sa vie culturelle. Elle contribue au dĂ©veloppement de l’accessibilitĂ© universelle de la capitale nationale et donne son temps bĂ©nĂ©volement au Carnaval ainsi quâau Festival d’Ă©tĂ©.
Consciente du monde qui l’entoure, Linda Marie Blais veut et est reconnue comme une guerriĂšre !
AFH a cru logique, cette annĂ©e, de dĂ©cerner le Prix Maria-Barile Ă une militante de l’extĂ©rieur de MontrĂ©al puisque nous voulons nous positionner comme un organisme Ă l’Ă©coute des femmes en situation de handicap de toutes les rĂ©gions du QuĂ©bec.