
Un toit, un droit – Les personnes en situation de handicap, première oubliées de la crise du logement
La crise du logement et son corolaire l’itinérance touchent les personnes parmi les plus vulnérable de notre société et parmi celles-ci on a les PSH. Selon les données de l’Office des personnes handicapées du Québec, près de la moitié des personnes ayant une déficience motrice au Québec sont locataires, et « 62 % d’entre elles survivent avec moins de 30 000 $ par an (…) » . En conséquence, elles vivent dans une extrême vulnérabilité. Leur revenu ne suffit pas toujours pour répondre à leurs besoins les plus essentiels comme se loger, se nourrir et se soigner. Alors, quand les coûts des loyers montent, qu’elles n’ont qu’un revenu minimum, quand il y a une séparation et qu’une des deux personnes ne peut pas se payer un logement, quand elles ont un handicap physique, intellectuel, trouble du spectre de l’autisme ou autre, quand elles sont victimes de violence conjugale, quand elles sont abandonnées à elles-mêmes, seules, quand toute cette constellation de problèmes s’amoncèlent alors commence le calvaire de PSH qui se retrouvent sans domicile fixe. Ces personnes deviennent des PSH itinérantes, mais vivant dans une itinérance cachée, celle que le public ne voit pas, celle qui ne dérange pas, mais qui est toute aussi déshumanisante.
Dans l’actuel contexte de crise du logement où il y a un manque de logement et un manque criant de logements adaptés et accessibles, dénicher un logement accessible et abordable est une mission quasi impossible pour les familles qui ont une PSH. Elles deviennent ainsi vulnérables devant les propriétaires de logement et peuvent être contraintes de vivre dans des conditions insalubres, de tolérer que des réparations urgentes ne soient pas effectuées ou encore d’accepter des hausses de loyers disproportionnées. N’ayant pratiquement aucun soutien des instances gouvernementales provinciales et municipales, ces PSH entrent alors dans la gueule de l’itinérance cachée. Les gens vont alors prendre des logements inadaptés à leur condition, au risque d’y être prisonniers ou alors aller dans un hôtel pour avoir un semblant d’accessibilité en attendant de trouver le logement adéquat.
Pour les PSH ayant une déficience physique et qui ont besoin d’adapter leur logement, le temps d’attente pour obtenir la subvention du programme d’adaptation de domicile frise une année et demie. Avec la suspension de celui-ci jusqu’au 31 mars, il est fort probable que ce temps dépasse deux ans. De plus, pour les personnes qui viennent d’avoir une déficience physique causée par un accident ou une maladie, cette attente crée un effet domino vers les établissements de santé qui ne peuvent pas les libérer et les voir retourner en communauté avec leur famille et leurs proches. Ces personnes occupent ainsi des lits qui pourraient être occupés par des patients qui en ont besoin.
Les PSH vivent de plus en plus en itinérance cachée. Par exemple, certaines femmes PSH qui subissent la violence conjugale sont obligées d’habiter le même logement que leur agresseur faute de moyens financiers pour se loger et pire encore, faute de refuges adaptés et accessibles selon leur handicap. Elles vivent ainsi cachées, ni vue ni connue. Tout semble aller vu de l’extérieur. Ainsi, des femmes restent prisonnières et sont prises au piège de la violence conjugale. Dans le meilleur des cas, elles se retrouvent chez des proches en vivant une très grande précarité.
Pour les PSH issues de l’immigration, le risque de se retrouver en situation d’itinérance est encore plus grand. Elles n’ont pas assez de connaissances du système gouvernemental et des ressources disponibles. Elles n’ont pas le budget suffisant pour trouver un logement accessible et subissent surtout la discrimination de la part des propriétaires. Les récents changements des mesures relatives à l’immigration causent de l’anxiété chez les personnes handicapées immigrantes. Pourtant elles n’aspirent qu’à servir leur pays d’accueil, en mettant à profit leurs compétences et savoirs expérientiels acquis dans leurs pays d’origine.
Les personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) et un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont également à grand risque de se retrouver en situation d’itinérance à cause du manque de milieux de vie adaptés à leurs besoins et du manque de services. De nombreuses familles connaissent une précarité financière. Les parents ne peuvent pas travailler à temps plein en raison de la nécessité de s’occuper de leurs enfants (scolarisation et centre d’activités à temps partiel). Il n’y a pas toujours des services de garde adaptés ou disponibles. Cette précarité financière affecte leur capacité à se loger. Dans le cadre des entretiens de sélection pour un logement, ces PSH peuvent être perçues comme “différentes”, ce qui complique davantage leur recherche. Elles dépendent énormément de leurs parents tant pour les soins que financièrement. Or, leurs parents vieillissent et décèdent. Elles se retrouvent seules; la rue n’est qu’à un pas. Une fois dans la rue, elles sont plus vulnérables que tous face à l’exploitation financière, sexuelle et plus démunis pour trouver les ressources disponibles.
Il est temps que le gouvernement de M. Legault s’occupe réellement de l’accès au logement pour les personnes en situation de handicap.
Collectif d’organismes pour la défense des droits des personnes en situation de handicap (CODDPSH)
Action de cette semaine :
Le comité mobilisation du CODDPSH vous invite, vos équipes et vos membres pour dénoncer les diverses injustices vécues par les personnes en situation de handicap dans le domaine du logement. Qu’on pense au statut migratoire et de citoyenneté qui peut exposer les individus à de la discrimination, du définancement du programme d’adaptation de domicile, les enjeux d’accessibilité physique aux logements, l’accès difficile à des ressources adaptées pouvant faciliter l’autonomie, ou encore l’absence de ressources dédiés à l’itinérance des personnes en situation de handicap, il est crucial d’envoyer un message fort aux éluEs et à la population que d’avoir un toit est un droit universel!
La semaine prochaine aura lieu à Montréal le Salon de l’habitation, un événement où, pour quelques dollars, il est possible d’aller faire du lèche-vitrine pour meubler, rénover ou construire sa prochaine demeure. Bien que nous ne nous opposons pas contre ces entreprises, il nous semble ironique qu’on parle d’un “Salon de l’habitation” sans même parler de la crise du logement qui touche une si grande partie de la population, et encore plus les personnes en situation de handicap.
Ainsi, nous vous invitons à nous rejoindre au Palais des Congrès pour rappeler à toutes et tous l’envers de la situation.
Rejoignez-nous à 14h au débarcadère situé au 1001 place Jean-Paul Riopelle pour une marche qui va se terminer au 500 Boul. René-Lévesque O. vers 16h.
La crise du logement et son corolaire l’itinérance touchent les personnes parmi les plus vulnérable de notre société et parmi celles-ci on a les PSH. Selon les données de l’Office des personnes handicapées du Québec, près de la moitié des personnes ayant une déficience motrice au Québec sont locataires, et « 62 % d’entre elles survivent avec moins de 30 000 $ par an (…) »[1]. En conséquence, elles vivent dans une extrême vulnérabilité. Leur revenu ne suffit pas toujours pour répondre à leurs besoins les plus essentiels comme se loger, se nourrir et se soigner. Alors, quand les coûts des loyers montent, qu’elles n’ont qu’un revenu minimum, quand il y a une séparation et qu’une des deux personnes ne peut pas se payer un logement, quand elles ont un handicap physique, intellectuel, trouble du spectre de l’autisme ou autre, quand elles sont victimes de violence conjugale, quand elles sont abandonnées à elles-mêmes, seules, quand toute cette constellation de problèmes s’amoncèlent alors commence le calvaire de PSH qui se retrouvent sans domicile fixe. Ces personnes deviennent des PSH itinérantes, mais vivant dans une itinérance cachée, celle que le public ne voit pas, celle qui ne dérange pas, mais qui est toute aussi déshumanisante.
Dans l’actuel contexte de crise du logement où il y a un manque de logement et un manque criant de logements adaptés et accessibles, dénicher un logement accessible et abordable est une mission quasi impossible pour les familles qui ont une PSH. Elles deviennent ainsi vulnérables devant les propriétaires de logement et peuvent être contraintes de vivre dans des conditions insalubres, de tolérer que des réparations urgentes ne soient pas effectuées ou encore d’accepter des hausses de loyers disproportionnées. N’ayant pratiquement aucun soutien des instances gouvernementales provinciales et municipales, ces PSH entrent alors dans la gueule de l’itinérance cachée. Les gens vont alors prendre des logements inadaptés à leur condition, au risque d’y être prisonniers ou alors aller dans un hôtel pour avoir un semblant d’accessibilité en attendant de trouver le logement adéquat.
Pour les PSH ayant une déficience physique et qui ont besoin d’adapter leur logement, le temps d’attente pour obtenir la subvention du programme d’adaptation de domicile frise une année et demie. Avec la suspension de celui-ci jusqu’au 31 mars, il est fort probable que ce temps dépasse deux ans. De plus, pour les personnes qui viennent d’avoir une déficience physique causée par un accident ou une maladie, cette attente crée un effet domino vers les établissements de santé qui ne peuvent pas les libérer et les voir retourner en communauté avec leur famille et leurs proches. Ces personnes occupent ainsi des lits qui pourraient être occupés par des patients qui en ont besoin.
Les PSH vivent de plus en plus en itinérance cachée. Par exemple, certaines femmes PSH qui subissent la violence conjugale sont obligées d’habiter le même logement que leur agresseur faute de moyens financiers pour se loger et pire encore, faute de refuges adaptés et accessibles selon leur handicap. Elles vivent ainsi cachées, ni vue ni connue. Tout semble aller vu de l’extérieur. Ainsi, des femmes restent prisonnières et sont prises au piège de la violence conjugale. Dans le meilleur des cas, elles se retrouvent chez des proches en vivant une très grande précarité.
Pour les PSH issues de l’immigration, le risque de se retrouver en situation d’itinérance est encore plus grand. Elles n’ont pas assez de connaissances du système gouvernemental et des ressources disponibles. Elles n’ont pas le budget suffisant pour trouver un logement accessible et subissent surtout la discrimination de la part des propriétaires. Les récents changements des mesures relatives à l’immigration causent de l’anxiété chez les personnes handicapées immigrantes. Pourtant elles n’aspirent qu’à servir leur pays d’accueil, en mettant à profit leurs compétences et savoirs expérientiels acquis dans leurs pays d’origine.
Les personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) et un trouble du spectre de l’autisme (TSA) sont également à grand risque de se retrouver en situation d’itinérance à cause du manque de milieux de vie adaptés à leurs besoins et du manque de services. De nombreuses familles connaissent une précarité financière. Les parents ne peuvent pas travailler à temps plein en raison de la nécessité de s’occuper de leurs enfants (scolarisation et centre d’activités à temps partiel). Il n’y a pas toujours des services de garde adaptés ou disponibles. Cette précarité financière affecte leur capacité à se loger. Dans le cadre des entretiens de sélection pour un logement, ces PSH peuvent être perçues comme “différentes”, ce qui complique davantage leur recherche. Elles dépendent énormément de leurs parents tant pour les soins que financièrement. Or, leurs parents vieillissent et décèdent. Elles se retrouvent seules; la rue n’est qu’à un pas. Une fois dans la rue, elles sont plus vulnérables que tous face à l’exploitation financière, sexuelle et plus démunis pour trouver les ressources disponibles.
Il est temps que le gouvernement de M. Legault s’occupe réellement de l’accès au logement pour les personnes en situation de handicap.
Collectif d’organismes pour la défense des droits des personnes en situation de handicap (CODDPSH)
- Action Des Femmes et Handicap
- · Action Des Femmes et Handicap
- · Association Multi-Ethnique Pour L’Intégration des Personnes Handicapées Du Québec
- · Autisme Montréal
- · Centre communautaire Radisson
- · Comité régional pour l’autisme et la déficience intellectuelle
- · Ex aequo
- · Institut National pour l’Équité, l’Égalité et l’Inclusion des personnes en situation de handicap
- · Moelle Épinière et Motricité Québec
- · Parent pour la déficience intellectuelle
- · Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal
- · Réseau International sur le Processus de Production du Handicap (RIPPH)
- · Sans oublier le sourire
[1] OFFICE DES PERSONNES HANDICAPÉES DU QUÉBEC (2022). Les personnes avec incapacité au Québec : un portrait à partir des données de l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017 : caractéristiques sociodémographiques et économiques : volume 2, Drummondville, Secrétariat général, communications et affaires juridiques, L’Office, p.13